29/05/2014

Intégration continue : utiliser le fichier .travis.yml dans Jenkins avec Docker

J’utilise massivement travis-ci comme plate-forme d’intégration continue pour mes projets open source.

Pour cela, il suffit d’ajouter un simple fichier .travis.yml. Voici par exemple celui que j’utilise pour PhpMetrics:

language: php
php:
  - 5.3
  - 5.4
before_script:
  - wget http://getcomposer.org/composer.phar
  - php composer.phar install --dev --prefer-dist

script:
  - ./vendor/bin/phpunit -c phpunit.xml.dist

Ce qui est génial avec Travis-ci, c’est de pouvoir lancer son build sur plusieurs environnements (ici PHP 5.3 et PHP 5.4).

J’ai également une PIC locale , pour laquelle j’utilise Jenkins, et qui me permet de suivre l’ensemble de ses projets personnels. Et je dois avouer que ça m’agace de configuer deux fois mon build : et dans Jenkins, et dans Travis.

Voici donc un moyen minimaliste de builder un projet dans Jenkins, dans des environnements isolés (grâce à Docker), en utilisant le même fichier .travis.yml qu’avec Travis-ci.

Installation de Docker et configuration des containers

Je ne vais pas m’attarder sur Docker : de nombreux tutoriels existent sur le net, et la documentation est assez bien faite. Sachez juste que c’est ce qui va nous permettre de virtualiser nos environnements.

Tout ce dont on a besoin pour l’installation (debian) tient sur ces quelques lignes :

#!/bin/bash
# fichier install.sh

# Dépendances PIP (pour le Yaml)
apt-get update  -y -q
apt-get install python-pip -y
pip install shyaml

# Docker
apt-get install docker.io  -y
ln -sf /usr/bin/docker.io /usr/local/bin/docker

# Containers
docker build -t debian/5.3 - < Dockerfile53
docker build -t debian/5.4 - < Dockerfile54
docker build -t debian/5.5 - < Dockerfile55

Les trois dernières lignes sont intéressantes. Ce sont elles qui vont créer nos environnements de test. Docker permet en effet de provisionner et configurer un container à l’aide d’un fichier de configuration (le fameux Dockerfile, mais ici qui s’appelle Dockerfile53, Dockerfile54, etc). Voici ceux que j’ai utilisé pour cet exemple, libre à vous de les enrichir :

pour PHP 5.3 :

# fichier Dockerfile53
FROM debian:squeeze
RUN apt-get update -y -q
RUN apt-get install  php5-common php5-cli php5-curl php5-xdebug wget -y --force-yes
RUN apt-get clean && rm -rf /var/lib/apt/lists/* /tmp/* /var/tmp/

pour PHP 5.4 :

# fichier Dockerfile54
FROM debian
RUN echo "deb http://packages.dotdeb.org wheezy all" |  tee -a /etc/apt/sources.list
RUN echo "deb-src http://packages.dotdeb.org wheezy all" |  tee -a /etc/apt/sources.list
RUN apt-get update -y -q
RUN apt-get install  php5-cli php5-curl php5-apc php5-xdebug wget -y --force-yes
RUN apt-get clean && rm -rf /var/lib/apt/lists/* /tmp/* /var/tmp/

pour PHP 5.5 :

# fichier Dockerfile55
FROM debian
RUN echo "deb http://packages.dotdeb.org wheezy-php55 all" |  tee -a /etc/apt/sources.list
RUN echo "deb-src http://packages.dotdeb.org wheezy-php55 all" |  tee -a /etc/apt/sources.list
RUN apt-get update -y -q
RUN apt-get install  php5-cli php5-curl php5-apc php5-xdebug wget -y --force-yes
RUN apt-get clean && rm -rf /var/lib/apt/lists/* /tmp/* /var/tmp/

Si vous lancez maintenant les commandes d’installation qui sont plus haut, vous vous retrouverez avec trois containers :

  • debian/5.3
  • debian/5.4
  • debian/5.5

Leurs noms sont très importants : ce sont eux qui vont nous permettre de faire le lien avec le fichier .travis.yml.

Lancement des tests

L’objectif est de ne plus avoir à configurer quoique ce soit dans Jenkins. Nous allons donc créer un script qui va lire le fichier .travis.yml, repérer les commandes à exécuter (noeuds before_script et script), puis lancer ces commandes pour chaque environnement souhaité.

Pour les plus pressés, voici ce script (et voici le gist si vous souhaitez l’améliorer).

#!/bin/bash
EXIT_STATUS=0

echo "#!/bin/bash" > ./docker-travis-test.sh
cat .travis.yml | shyaml get-values before_script >> ./docker-travis-test.sh
cat .travis.yml | shyaml get-values script >> ./docker-travis-test.sh


PHP_VERSIONS=`cat .travis.yml | shyaml get-values php`
for PHP_VERSION in $PHP_VERSIONS
do

    echo
    echo "Running tests for PHP $PHP_VERSION"
    echo "==================================="


    DOCKER_IMG=debian/$PHP_VERSION


    DOCKER_ID=$(docker run -d -t $DOCKER_IMG /bin/bash)
    docker run  -v `pwd`:/project -w "/project" -t $DOCKER_IMG /bin/bash ./docker-travis-test.sh

    CODE=$?
    case "$CODE" in
     0) RESULT="OK"
        OUTPUT="${OUTPUT}PHP ${PHP_VERSION}: OK \n"
        ;;
     *)
        RESULT="ERROR ($CODE)"
        OUTPUT="${OUTPUT}PHP ${PHP_VERSION}: Error (code ${CODE}) \n"
        EXIT_STATUS=1
        ;;
    esac

    DOCKER_IDS="${DOCKER_IDS} ${DOCKER_ID}"
done


docker restart $DOCKER_ID
$(docker wait ${DOCKER_IDS})

echo
echo "Results"
echo "==================================="
echo -e $OUTPUT;

exit $EXIT_STATUS

Passons aux explications :)

echo "#!/bin/bash" > ./docker-travis-test.sh
cat .travis.yml | shyaml get-values before_script >> ./docker-travis-test.sh
cat .travis.yml | shyaml get-values script >> ./docker-travis-test.sh

Ces quelques lignes permettent de concaténer les contenus des noeuds before_script et script dans un fichier nommé arbitrairement ./docker-travis-test.sh. Ce fichier sera donc executé pour lancer les tests. La lecture du fichier yaml s’effectue grâce à shyaml

PHP_VERSIONS=`cat .travis.yml | shyaml get-values php`
for PHP_VERSION in $PHP_VERSIONS
do
    ...
done

Ces lignes extraient du fichier .travis.yml la liste des versions de PHP sur lesquelles ont souhaite exécuter nos tests, puis itèrent sur chaque version ($PHP_VERSION vaut ici “5.3” puis “5.4”)

DOCKER_IMG=debian/$PHP_VERSION

Cette ligne est très importante : c’est elle qui fait le lien entre la version souhaitée et un container Docker. Rappelez-vous que l’on a nommé nos containers “debian/5.3”, “debian/5.4” et “debian/5.5”.

DOCKER_ID=$(docker run -d -t $DOCKER_IMG /bin/bash)
docker run  -v `pwd`:/project -w "/project" -t $DOCKER_IMG /bin/bash ./docker-travis-test.sh

C’est là que tout se passe : on récupère l’ID de notre container (pour pouvoir travailler avec), puis on lance le script ./docker-travis-test.sh que l’on a créé plus haut sur notre code.

À noter :

  • -w /project définit l’espace de travail du container
  • -v \~pwd\~:/project permet de partager le dossier courant avec le container
CODE=$?
case "$CODE" in
 0) RESULT="OK"
    OUTPUT="${OUTPUT}PHP ${PHP_VERSION}: OK \n"
    ;;
 *)
    RESULT="ERROR ($CODE)"
    OUTPUT="${OUTPUT}PHP ${PHP_VERSION}: Error (code ${CODE}) \n"
    EXIT_STATUS=1
    ;;
esac

...

echo
echo "Results"
echo "==================================="
echo -e $OUTPUT;

exit $EXIT_STATUS

Ces lignes permettent de gérer les codes de retour d’erreur, et concatènent le résultat de chaque jeu de tests dans la variable OUTPUT afin de l’afficher à la fin du build.

Exemple dans Jenkins

Voici donc à quoi ressemblent mes builds Jenkins désormais

Exemple de configuration Jenkins qui utilise Docker et le fichier .travis.yml

La prochaine étape serait la parallélisation (le plus simple me paraît d’utiliser parallel), et bien sûr de rendre tout ça un peu plus propre (rollback des containers, nettoyage…). En attendant, à vous de jouer :)

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